Quand la traçabilité éclipse la transmission des compétences

Le secteur de la formation professionnelle en France traverse une période de mutation préoccupante. Alors que l'accent est mis sur la nécessité de réduire le déficit de compétences et d'anticiper les métiers d'avenir, une dérive procédurale menace la transmission concrète des savoir-faire. Le rôle du formateur, autrefois centré sur le transfert de compétences, se réduit à celui d'agent de traçabilité, privilégiant les preuves administratives au détriment de la réelle acquisition des compétences.

Cette situation résulte d'une bureaucratisation croissante, où l'État impose des normes qui éloignent l'expertise terrain des réalités des métiers. Les formateurs voient leur temps accaparé par des exigences administratives, déconnectant ainsi la formation de son objectif fondamental : l'apprentissage pratique.

Pour résoudre ce problème, il est essentiel de remettre le résultat au cœur de la formation. Les outils d'évaluation doivent se concentrer sur la maîtrise des compétences au travers des résultats concrets plutôt que sur la conformité des processus. En réorientant l'attention vers ce que l'apprenant peut réaliser dans un contexte professionnel, la France peut enfin élever la qualité de sa formation et réduire son déficit de compétences.